Darmanin a jugé ce jeudi 4 mai l’Italie de Meloni « incapable » de régler le « problème » migratoire. Cette sortie a provoqué l’ire de Rome qui a annulé la venue ce jeudi soir de son ministre des Affaires étrangres.
POLITIQUE – Une nouvelle crise diplomatique franco-italienne autour de l’immigration. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, « est incapable de régler les problèmes migratoires » de l’Italie, qui connaît des arrivées record par la Méditerranée, a affirmé ce jeudi 4 mai le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Cette petite phrase, prononcée par le ministre français dans l’émission Les Grandes gueules sur RMC, est restée en travers de la gorge de Rome qui a non seulement condamné en des termes fleuris ces propos, mais aussi annulé la visite de son ministre des Affaires étrangères, qui était attendu ce jeudi soir à Paris pour une rencontre avec son homologue française, Catherine Colonna.
En marge d’un déplacement en Toscane Antonio Tajani, le ministre des Affaires étrangères italien, a ainsi déclaré que « les paroles prononcées par le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin sont inacceptables ». Sur Twitter, il a justifié l’annulation de sa visite : « Les insultes au gouvernement et à l’Italie proférées par le ministre Darmanin sont inacceptables. Ce n’est pas l’esprit dans lequel les défis européens communs doivent être abordés. »
Non andrò a Parigi per il previsto incontro con @MinColonna .Le offese al governo ed all’Italia pronunciate del mi… https://t.co/5vmfmR6cGg
« Madame Meloni, gouvernement d’extrême droite choisi par les amis de madame (Marine) Le Pen, est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue », avait déclaré ce matin Gérald Darmanin, sur RMC, en réaction à des propos du président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella concernant la situation migratoire à la frontière franco-italienne.
« Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs » dans le sud de la France, a reconnu Gérald Darmanin, avant d’en rejeter la faute sur le voisin transalpin. « La vérité, c’est qu’il y a en Tunisie (…) une situation politique qui fait que beaucoup d’enfants notamment remontent par l’Italie et que l’Italie est incapable (…) de gérer cette pression migratoire », a-t-il insisté. « Meloni, c’est comme Le Pen, elle se fait élire sur ’vous allez voir ce que vous allez voir’ et puis ce qu’on voit c’est que ça (l’immigration) ne s’arrête pas et que ça s’amplifie », a poursuivi le ministre.
Quelques heures après la tenue de ces propos, le Quai d’Orsay a fait machine arrière, allant à l’encontre des déclarations du ministre de l’Intérieur. « Le gouvernement français souhaite travailler avec l’Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires », a indiqué le ministère des Affaires étrangères, dans ce qui ressemble fort à une mise au point. Il a également souligné que la relation bilatérale était « fondée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants ».
Et les autorités françaises d’ajouter « espérer » que la visite d’Antonio Tajani soit reprogrammée « rapidement », après ce contretemps inattendu. Il devait en effet s’agir de la première venue du chef de la diplomatie italienne en France depuis sa prise de fonction.
Outre la cacophonie déclenchée au sein gouvernement français, Gérald Darmanin a donc fait d’une pierre deux coups en provoquant l’ire de Rome. Surtout alors que la question migratoire devait être l’un des sujets phares de la rencontre entre Antonio Tajani et Catherine Colonna, en plus de la guerre en Ukraine.
Et ce n’est pas la première pomme de discorde entre les deux gouvernements sur cette question de l’immigration.
En novembre déjà, les deux pays avaient connu une forte poussée de fièvre lorsque le gouvernement de Giorgia Meloni, à peine arrivé au pouvoir, avait refusé de laisser accoster le navire humanitaire Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée, qui avait fini par être accueilli pour la première fois par la France, à Toulon. L’épisode avait suscité la colère de Paris, qui avait convoqué une réunion européenne pour que l’Italie respecte ses obligations en matière d’accueil et que ce scénario inédit ne se reproduise pas.
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